… l’Eden !
7 novembre 2014La dame aux camélias
11 décembre 2014Qu’est ce qu’un jardin exactement? La définition du Littré en fait un espace clos d’ordinaire, planté de végétaux utiles ou d’agrément.
L’étymologie le relie à un radical indo-européen signifiant« enclore », ce qui le rattache essentiellement à la notion de clôture, le jardin est tout d’abord un lieu fermé, protégé et donc protecteur. La nature n’y est pas laissée à elle-même, elle y est apprivoisée, humanisée, et même quand on n’y cultive que des plantes utiles, c’est avec beaucoup plus de soin que dans les champs et prés ; le jardinage, ce n’est pas l’agriculture. Leurs jardins, depuis les premiers temps, au Néolithique, les hommes les ont voulus très près de leur habitation, à l’entour – surtout à la campagne – ou au milieu, comme les atriums des villes antiques, mais aussi les riads actuels du Maghreb, pour mieux les surveiller, pour mieux s’y protéger, pour mieux en profiter.
Vestiges de l’atrium d’une villa gallo-romaine – Vaison la Romaine
Riad – Kasbah Tizimi – Erfoud
La littérature grecque a désigné les jardins par différents termes, alsos (bois sacré), kèpos (jardin cultivé, potager), orchatos (verger), paradeisos ( parc à gibier), leimôn (pré, champ).
Au moyen-âge, plusieurs mots coexistaient pour signifier « jardin », clos, dosier, préau, pré, verger mais deux prédominaient, le savant hortus (décliné ort, cortis, courtil) et dès le XIIIe siècle le plus populaire jardin (ou gart, jart).
Les deux termes ont en fait une origine commune par deux voies différentes.
En effet, les termes latins hortus, chors/chortis (= jardin), évoluant en bas-latin vers curtis (= cour de ferme), et les termes français contenant horti- , comme horticole, horticulture, hortensia et hortillonnages (1 ), et aussi cour, chœur, cohorte et exhorter sont de même radical issu de l’indo-européen g’herdъ (= enclore).
De cette racine sont aussi issus le grec ancien χόρτος (se lit khórtos = ronde, enceinte, lieu entouré de haie), et le germanique gards (= maison), d’où l’allemand Garten (= jardin), et ses équivalents en islandais gort, en lituanien gardas, en anglais garden et yard , mais aussi notre français jardin proche de l’espagnol jardin, du portugais jardim, de l’italien giardino. L‘ancien slave grad (= ville), le roumain gard (= clôture), le tchèque hrad (= château), le russe gorod (= ville), le sanscrit गृह (se lit grha = maison), sont également issus de cette même racine .
Plan de l’abbaye de St Gall (816-830, Suisse, St Gall, Stiftsbibliothek) un des documents les plus anciens sur les espaces verts monastiques au Moyen-âge : le cloitre, le jardin médicinal ( hortus medicus, herbularius ou erbarium), le jardin vivrier (hortus conclusus) et le cimetière. Le site officiel en anglais ou en allemand : http://www.stgallplan.org/en/index_plan.html.
Hortus conclusus – Abbaye de Daoulas – Finistère. Pour en savoir plus sur ce jardin : http://www.cdp29.fr/fr/presentation-daoulas
Jardin médiéval de Dignac (Charente). Pour en savoir plus sur ce jardin : http://dignac.pagesperso-orange.fr/
(1 ) A Amiens, les maraichers ont longtemps gardé la dénomination médiévale d’hortillons et les jardins consacrés à la culture maraîchère celui d’hortillonnages, toujours en usage aujourd’hui ; un site leur est consacré : http://www.hortillonnages-amiens.fr/.