Qu’est ce qu’un jardin exactement? La définition du Littré en fait un espace clos d’ordinaire, planté de végétaux utiles ou d’agrément.
L’étymologie le relie à un radical indo-européen signifiant« enclore », ce qui le rattache essentiellement à la notion de clôture, le jardin est tout d’abord un lieu fermé, protégé et donc protecteur. La nature n’y est pas laissée à elle-même, elle y est apprivoisée, humanisée, et même quand on n’y cultive que des plantes utiles, c’est avec beaucoup plus de soin que dans les champs et prés ; le jardinage, ce n’est pas l’agriculture. Leurs jardins, depuis les premiers temps, au Néolithique, les hommes les ont voulus très près de leur habitation, à l’entour – surtout à la campagne – ou au milieu, comme les atriums des villes antiques, mais aussi les riads actuels du Maghreb, pour mieux les surveiller, pour mieux s’y protéger, pour mieux en profiter.
Vestiges de l’atrium d’une villa gallo-romaine – Vaison la Romaine
Riad – Kasbah Tizimi – Erfoud
Au moyen-âge, deux termes coexistaient pour signifier « jardin » : le savant « hortus » et dès le XIIIe siècle le plus populaire « jardin ».
Les deux termes ont en fait une origine commune par deux voies différentes.
En effet, les termes latins « hortus » (=jardin), « chors/chortis » évoluant en bas-latin vers « curtis » (=cour de ferme), et les termes français contenant « horti- », comme horticole, horticulture, hortensia et hortillonnages (1 ), et aussi « cour », « chœur », « cohorte » et « exhorter » sont de même radical issu de l’indo-européen « g’herdъ » (=enclore).
De cette racine sont aussi issus le grec ancien « χόρτος » (se lit khórtos = ronde, enceinte, lieu entouré de haie), et le germanique « gards » (= maison), d’où l’allemand « Garten » (=jardin), et ses équivalents en islandais « gort », en lituanien « gardas », en anglais « garden » et « yard », mais aussi notre français « jardin » proche de l’espagnol « jardin », du portugais « jardim », de l’italien « giardino ». L‘ancien slave « grad » (=ville), Le roumain « gard » (=clôture), le tchèque « hrad » (=château), le russe « gorod » (=ville), le sanscrit « गृह » (se lit grha = maison), sont également issus de cette même racine .
Plan de l’abbaye de St Gall (816-830, Suisse, St Gall, Stiftsbibliothek) un des documents les plus anciens sur les espaces verts monastiques au Moyen-âge : le cloitre, le jardin médicinal ( hortus medicus, herbularius ou erbarium), le jardin vivrier (hortus conclusus) et le cimetière. Le site officiel en anglais ou en allemand : http://www.stgallplan.org/en/index_plan.html.
Hortus conclusus – Abbaye de Daoulas – Finistère. Pour en savoir plus sur ce jardin : http://www.cdp29.fr/fr/presentation-daoulas
Jardin médiéval de Dignac (Charente). Pour en savoir plus sur ce jardin : http://dignac.pagesperso-orange.fr/
(1 ) A Amiens, les maraichers ont longtemps gardé la dénomination médiévale d’hortillons et les jardins consacrés à la culture maraîchère celui d’hortillonnages, toujours en usage aujourd’hui ; un site leur est consacré : http://www.hortillonnages-amiens.fr/.