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4 août 2017Un peintre en son jardin : couleurs primaires et collection de cactus graphiques
Le peintre nancéien Jacques Majorelle (1886-1962), fils d’un des fondateurs de l’Art nouveau, l’ébéniste Louis Majorelle, est désormais plus célèbre pour son Jardin de Marrakech que pour ses toiles orientalistes. Ce jardin créé durant quarante ans par Jacques Majorelle dans sa propriété acquise en 1923 en bordure de la palmeraie de Marrakech est aujourd’hui une oasis de près d’un demi-hectare, luxuriante et calme en plein cœur de la ville.
Une jungle haute et sombre de bambous, fougères arborescentes et saules ombrage doucement l’allée périphérique, tandis qu’une impressionnante collection botanique de cactées, agaves, aloès, yuccas, et palmiers, auxquels se mêlent bananiers, caroubiers, cyprès et thuyas, occupe le centre du jardin, soumis à un soleil sans filtre.
Les floraisons lumineuses des bougainvillées, daturas et jasmins, se mêlent à celles des aquatiques lotus, nénuphars et nymphéas du long canal central et des nombreux bassins aux jets d’eau bruissants et frais.
Les allées irrégulières se civilisent aux abords des constructions et s’ornent de fontaines, jarres en céramique et pergolas aux vives couleurs primaires dont ce bleu majorelle, un outremer-cobalt présent dans les montagnes de l’Atlas et magnifié par le peintre. Des bâtiments de sobre inspiration mauresque ou berbère côtoient une villa au pur dessin cubiste et aux mêmes éclatantes et rares couleurs primaires (commandée à l’architecte Paul Sinoir en 1931 ).
Ouvert au public en 1947, le jardin a été délaissé à la mort du peintre, avant d’être acheté et restauré par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en 1980, il appartient désormais à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent.
http://www.jardinmajorelle.com/
Un jardin dans la Ville rouge
L’actuelle Marrakech, quatrième ville du Maroc avec plus d’un million d’habitants, située au milieu des terres, au pied du Haut Atlas, doit son nom au berbère Mour-Akouch qui signifie Pays de Dieu, elle fut un temps capitale du royaume du Maroc dont provient le nom. Appelée aussi Ville rouge à cause des enduits d’ocre roux qui parent toutes ses constructions, elle a été fondée en 1071 par Youssef Ibn Tachfin, premier sultan de la dynastie berbère des Almoravides, l’adversaire du Cid chanté par Corneille.
La Médina (vieille ville) ceinte par plus de dix kilomètres de remparts percés de portes (Bab Ahmer, Bab Al Khmis, etc.) côtoie la ville nouvelle dont les quartiers principaux s’appellent entre autres Guéliz (déformation locale du mot français ‘église’, car c’est là que fut bâtie la première église marrakchie), Hivernage, Douar Askar, Sidi Youssef Ben Ali. La principale artère reliant la ville nouvelle à la vieille ville, l’avenue Mohamed V, arrive juste au pied de la Koutoubia.
La Koutoubia, ou « mosquée des libraires » (à cause des souks consacrés aux livres qui se tenaient autrefois à ses pieds), domine la ville du haut des 77 m de son minaret surmonté d’un lanternon, lui-même couronné de quatre boules d’or. C’est Abd el-Moumen, sultan de la dynastie des Almohades, qui décida de l’édification de ce chef-d’œuvre de l’art hispano-mauresque du XIIe siècle. Une première Koutoubia s’éleva rapidement, mais la mosquée n’indiquant pas la direction de La Mecque, elle fut vite détruite et remplacée par une seconde achevée en 1199, la plus vaste mosquée du Maghreb d’alors (90 m sur 60 m) .
Au cœur de la médina, entre ombre et lumière, se trouvent les souks qui ne semblent pas avoir changé depuis des siècles, serrés autour de la place Jemaâ el-Fna.
Marrakech – Place Jemaâ el-Fna de nuit – décembre 2016
Les principaux vestiges des siècles passés se découvrent au détour des ruelles de la Médina :
- La mosquée Ben Youssef et la medersa Ben Youssef (collège pour héberger les étudiants coraniques).
En 1564-65, le sultan saâdien Abdellah Al Ghalib fit construire, à Marrakech, une des plus belles médersas du Maroc, à côté de la mosquée almoravide érigée par Ali Ben Youssef et restaurée par Al Ghalib, qui lui adjoignit aussi un maristan (hôpital).
La médersa est construite sur un plan carré d’une superficie de 1680 m2 avec un grand patio central, elle accueille une salle de prière et 132 chambres. Elle rassemble toutes les matières les plus nobles (boiseries de cèdre sculptées, plaques de bronze, stuc ouvragé, zelliges colorés, marbres de Carrare) et tous les thèmes décoratifs de l’art marocain de l’époque tout en gardant une grande cohérence et une harmonie certaine.
‘J’ai été édifiée pour les sciences et la prière … ‘
- la kasbah (citadelle) accueille le palais El-Badii, les tombeaux saâdiens et le palais royal du souverain actuel Mohammed VI à proximité des jardins de l’Agdal.
Le Palais El Badii (ou palais de ‘l’Incomparable’) est l’œuvre grandiose du souverain saâdien Ahmad Al Mansur El-Dahbi (‘Le Doré’, 1578-1603) , accomplie tout au long de son règne.
Des ruines imposantes précèdent le palais dont l’ensemble est constitué d’une grande cour rectangulaire de 135 sur 110 m, au milieu de laquelle fut creusé un vaste bassin de 90 par 20 m où s’élevait une fontaine monumentale munie de deux vasques superposées et surmontées d’un jet d’eau. Encadrant le bassin, 2 dépressions plantées d’arbres et de fleurs disposées dans des carrés séparés par des allées pavées de zelliges. Les angles du palais étaient eux aussi occupés par de grands bassins (30 par 10 m) encadrant les 4 pavillons : le Pavillon de cristal, dont la trace a été attestée par des fouilles, le Pavillon des audiences, dont subsistent les hautes murailles. était couvert d’une coupole posée sur 12 colonnes, le Pavillon de l’héliotrope et le Pavillon vert, résidence la plus privée du sultan dans ce complexe palatial, étaient précédés de 2 galeries soutenues par 2 séries de colonnes de jaspe.
Reliés à la mosquée fondée par Yaaqub Al Mansur par un passage discret, les tombeaux saadiens n’ont été redécouverts au nord de la Kasbah almohade qu’en 1917. Nécropole de la famille royale saadienne érigée par le sultan Abdallah Al Ghalib en 1557 pour abriter la tombe de son père Muhammad Shaykh, fondateur de la dynastie, elle fut embellie par Ahmad Al Mansur Dahbi (‘Le Doré’) pour accueillir sa propre dépouille et celle de sa famille, dont sa mère Lalla Massouda. Ce somptueux complexe funéraire dont le style s’apparente à celui de l’Alhambra de Grenade, se compose de 2 ensembles :
le premier comprend un oratoire à 3 nefs abritant un superbe mihrab, la fastueuse salle des 12 colonnes en marbre de Carrare avec plusieurs tombeaux dont celui d’Ahmad Al Mansur et une salle creusée de 3 niches qui accueille les tombes d’Abdallah Al Ghalib et de son père.
En traversant le cimetière à ciel ouvert, on atteint le second ensemble qui s’ouvre par un portique soutenu par 2 colonnes de marbre blanc, cette partie est consacrée à Lalla Massouda, la mère vénérée d’Ahmad Al Mansur, décédée en 1591.
- le mellah (quartier juif), la place des Ferblantiers.
El Mellah est le terme utilisé traditionnellement pour désigner le quartier juif dans les villes du Maghreb. Jusque vers 1960, environ 250 000 Juifs marocains vivaient dans le pays ; après de nombreux départs vers Israël et la France, ils ne seraient plus actuellement que 2 500. Le Mellah de Marrakech a été construit au XVIe siècle pour accueillir les Juifs expulsés d’Espagne par l’Inquisition. Entouré de hautes murailles, il occupe une quarantaine d’hectares, autour de la synagogue Salat Al Azaman, à proximité du vaste cimetière juif. Le quartier abrite de nombreux commerces et souks d’épices et de bijoux. Habité aujourd’hui principalement par des musulmans, il bénéficie depuis 2015 d’ un important programme de réhabilitation.
- Le palais de la Bahia semble tout droit sorti d’un des contes des Mille et une nuits. La construction commencée en 1880 par le grand vizir Sidi Moussa pour sa favorite, la Bahia (c’est-à-dire ‘la Belle’), ne fut achevée que sous son successeur Ba Ahmed en 1887. Inspiré par l’art andalou, mais édifié en plusieurs étapes au rythme des acquisitions successives des 8 ha de la propriété, le plan est complexe voire labyrinthique. Les plafonds sont richement sculptés dans le bois de cèdre de l’Atlas. La cour d’honneur de 80 m², centre du harem au temps du grand vizir, est pavée de marbre de Carrare et entourée d’un déambulatoire aux colonnes peintes et ornées de zelliges, elle donne accès à un jardin mauresque planté d’orangers, de cyprès, daturas et jasmins et à des riads fleuris, tous rafraichis par de nombreuses vasques à jet d’eau en marbre de Meknès.
L’Atlas dessine au nord-ouest du continent africain un arc montagneux allant de l’Atlantique à la Méditerranée et s’étendant sur le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. C’est au Mont Toubkal dans le Haut Atlas marocain qu’il culmine à 4 167 mètres d’altitude. A partir de Marrakech, le chemin du djebel (terme arabe pour montagne) ou adrar (terme berbère pour montagne) Toubkal passe par le village berbère d’Imlil, situé à 1 714 m d’altitude dans la vallée d’Asni, ce village est le dernier lieu accessible par la route avant l’ascension du Toubkal qui se trouve alors à 2 jours de marche.
Pas de cèdre de l’Atlas sur ces pentes (alors que cet arbre emblématique est très présent avec le thuya sur celles du Moyen-Atlas), mais des pins noirs de l’Atlas (Pinus nigra subsp. salzmannii var. mauretanica) ou encore des chênes zéens (Quercus canariensis), des arganiers (pour produire l’huile d’argan utilisée en cuisine comme en cosmétique) et des vergers de pêches, pommes, prunes et autres fruits qui approvisionnent les marchés de Marrakech et bien au delà.
Toutes les photos couleurs sont ©-Patricia Wenger – JdP
1 Comment
Je viens de consulter votre actualité de Décembre 2016 et je vous remercie pour votre excellent reportage sur le Maroc. Vous nous faites découvrir Marrakech et ce merveilleux jardin Majorelle, vos photos sont superbes, vos notes toujours aussi instructives. Bonne Année 2017.