
Eclats de vert
8 juillet 2025
Le Roman de la rose – Chapitre 3 La rose du jardinier …
10 juillet 2025Les premières roses
Les rosiers sont originaires des régions tempérées et subtropicales de l’hémisphère nord : Europe, pourtour méditerranéen et Extrême-Orient principalement, mais aussi Amérique du nord. Des fossiles ont été datés d’environ 40 millions d’années.
Les rosiers botaniques (tels qu’ils apparaissent spontanement dans la nature, sans intervention/sélection humaine) connaissent aujourd’hui un succès nouveau auprès des amateurs de roses.






La culture des roses est attestée en Chine et en Perse depuis 5 000 ans et en Grèce depuis l’âge du bronze.
C’est 20 rosiers que Pline l’Ancien décrit dans son Histoire naturelle, parmi lesquels :
- la rose d’Alabande semble être Rosa x alba (ci-dessous 1)
- et celle de Campanie Rosa x alba semiplena (2),
- la rose de Tachys Rosa damascena (3),
- la rose rouge de Muet une variété de Rosa gallica, comme la rose de Pangée,
- la rose de Proeneste Rosa gallica versicolor (4),
- la rose de Spinolea Rosa pimpinellifolia myriacantha (5)
- et celle d’automne Rosa sempervirens (6).

A Rome, on fait sécher les pétales de Rosa gallica officinalis pour en décorer et parfumer les habitations et on en tire une essence de rose si utilisée, qu’il faut l’ importer en quantité des rives méridionales de l’Empire.
Les roses médiévales
Au Moyen Âge, la rose est associée au Paradis et à la Vierge (Rose mystique), tous les couvents en cultivaient pour le culte, mais aussi pour la pharmacopée ; au VIIIe siècle, Charlemagne, dans le Capitulaire De Villis, cite les rosiers parmi les plantes à cultiver.
Au XIIe siècle, Albert le Grand décrit 4 rosiers cultivés alors,
- Rosa arvensis,
- Rosa canina (ou églantier),
- Rosa rubiginosa
- et Rosa x alba
Les croisés y ajoutent :
- les rosiers galliques issus de Rosa gallica officinalis, rapportée d’Orient et qui est depuis lors cultivée à Provins, d’où son nom de rose de Provins (c’est en Angleterre la rose rouge des Lancastre),
- puis les rosiers de Damas précoces, Rosa damascena (hybrides de Rosa gallica x Rosa phoenicia et tardifs),
- Rosa damascena semperflorens (hybrides de Rosa gallica x Rosa moschata).
De la Renaissance à 1867
Fin XVIe siècle, une rose jaune, Rosa foetida (ci-dessous 1) est importée de Perse en Europe, et les conquistadors trouvent en Amérique du Nord Rosa virginania (2), Rosa carolina (3) et Rosa setigera.
Au XVlle siècle, une mutation spontanée ou une hybridation naturelle de Rosa gallica fait apparaître les roses à cent feuilles, Rosa centifolia (4), dont une autre mutation, stérile, donne au XVIIIe siècle les rosiers mousseux, Rosa × centifolia forma muscosa (5).
Fin XVIII, on ne connait en Europe et sur le pourtour méditerranéen qu’une trentaine d’espèces. En 1781, en Europe, arrive la Rosa chinensis ‘Old blush’ (6), puis sa forme rouge ‘Bengal rose’, qui ne sont pas des rosiers botaniques, mais des plantes cultivées et sélectionnées depuis longtemps en Chine, à partir de Rosa chinensis ou d’hybrides comme Rosa x odorata (Rosa chinensis x Rosa odorata nothovar gigantea), ces rosiers sont très parfumés et fortement remontants. En 1824, les européens découvrent une Rosa chinensis jaune ‘Park’s Yellow Tea-scented China’.

La duchesse de Portland obtient les premiers croisements entre rosiers européens et rosier de Chine rouge : les rosiers Portland sont nés.
En Louisiane, le croisement d’un rosier musqué et d’un rosier de Chine donné par Louis Claude Noisette est à l’origine des rosiers Noisette (‘Blush Noisette’, ‘Madame Alfred Carrière’).
Et à La Réunion le croisement du Rosa chinensis ‘Old blush’ et d’une rose de Damas tardive ‘Quatre Saisons’ signe l’arrivée des rosiers Bourbon, ‘Zéphirine Drouhin’ et ‘Souvenir de la Malmaison’.
Les rosiers Thé sont des hybrides de Rosa x odorata et de ces rosiers Bourbon ou Noisette : ‘Adam’, obtenu en 1833, serait le premier. A la Malmaison, Joséphine de Beauharnais rassemble, dans sa roseraie, jusqu’en 1814, plus de 242 cultivars dont 167 roses galliques, des moschata, des damascena, mais aussi des chinensis et quelques nouvelles espèces.
Parmi ces roses anciennes, sont encore cultivées des roses galliques
- Rosa gallica surtout ‘Officinalis’ et ‘Cardinal de Richelieu’ (ci-dessous 1)
- des roses à cent feuilles – Rosa centifolia dont ‘Pompon de Meaux’ rose et ‘Pompon de Bourgogne’ rouge (2)
- des rosiers de Damas – Rosa damascena dont rose de Puteaux et rose de Recht (3)
- des rosiers mousseux – Rosa × centifolia forma muscosa comme ‘Salet’ ou ‘Mousseline’
- quelques rosiers de Portland comme ‘Duchesse de Portland’ (4) et ‘Jacques Cartier’,
- quelques roses Bourbon, ‘Louise Odier’ et ‘Souvenir de la Malmaison’ (5),
- des Noisettes et Thé-Noisette, surtout ‘Gloire de Dijon’, ‘Rêve d’or’ et ‘Madame Alfred Carrière’ (6),
- des rosiers blancs (Rosa x alba, dont la rose d’York, Rosa alba semiplena, ‘Cuisse de nymphe émue’ et ‘Pompon blanc parfait’).

Quelques rosiers ‘Thé’ historiques :
- ‘Devoniensis’, de Forster en 1838 à grandes fleurs doubles blanches teintées de rose ou de jaune,
- ‘Catherine Mermet’ (ci-dessous 1) de Guillot en 1869, buisson à grosses fleurs pleines, rose carné,
- ‘Marie van Houtte’, de Ducher en 1871, à fleurs très doubles, jaune-ivoire,
- ‘Archiduc Joseph’ (2) obtenu par Gilbert Nabonnand en 1872 d’un semis de ‘Mme Lombard’, buisson vigoureux à fleurs rose pourpré avec le centre rose carné,
- ‘Général Schablikine’, de Nabonnand en 1878, à floraison massive de fleurs carmin,
- ‘Papa Gontier’, de Nabonnand en 1883 aux fleurs roses semi-doubles,
- ‘Souvenir de Mme Léonie Viennot’, de Bernaix en 1898, aux fleurs très doubles, cuivrées,
- ‘Souvenir de Gilbert Nabonnand’ (3) créé par Clément Nabonnand en 1920, aux fleurs doubles parfumées passant du jaune au carmin.
En 1837 apparaissent des Hybrides perpétuels ou remontants dont ‘La Reine'(4), le rosiériste lyonnais Jean Liabaud en créent de nombreux. Les pépiniéristes français n’avaient que 25 espèces au catalogue de 1791, celui de 1829 en présente 2562. 1858, la première Exposition nationale de roses a lieu en Angleterre. Il faut en moyenne 6 à 8 ans pour créer une rose.
La naissance des roses modernes
1867 marque le début des roses modernes, Jean-Baptiste Guillot crée ‘La France'(5) le premier buisson à grandes fleurs ou hybride de Thé (issu d’Hybride remontant et de rosier Thé), au port moins grimpant que les rosiers Thé historiques.
Les Thé-Polyantha, hybrides de rosiers Thé et de Poliantha, sont des buissons à petites fleurs odorantes et remontantes. Dans le même temps, Rosa multiflora, rosier liane rapporté du Japon au XVIIIe, est hybridé pour créer les nombreux rosiers buissons à fleurs groupées, les Floribunda.
1886, la Société française des roses est fondée à Lyon ( et sa revue, Les Amis des roses). Ellen Willmott (1858-1934), en Angleterre, Jules Gravereaux (1844-1916), en France, se passionnent pour ces plantes.
Au XXe siècle, les créations de Delbard, de Meilland (‘Madame Meilland’ dénommé ‘Peace’ en anglais et ‘Gloria Dei’ en allemand (6)), de Griffith Buck sont surtout des rosiers buissons à grandes fleurs.

Puis David Austin, en croisant les galliques et les Damas avec des roses modernes crée les roses anglaises. Les rosiers cultivés, à fleurs dites doubles ou pleines, sont issus des croisements de seulement une douzaine d’espèces (et leurs variétés et formes dérivées). Les rosiéristes modernes cherchent à exploiter la diversité du genre Rosa pour introduire dans leurs obtentions des gènes particuliers, par exemple de résistance au froid ou à certaines maladies.
Attention, toutes les roses ne sont pas fleurs de rosier …
– Bois de rose utilisé en marqueterie = Dalbergia (Fabacée)
– Bois de rose utilisé en parfumerie = Aniba rosaeodora (Lauracée)
– Laurier-rose = Nerium oleander (Apocynacée) – Rose trémière = Alcea rosea (Malvacée)
– Rose d’Inde = Tagete erecta (Astéracée)
– Rose de Cayenne & Rose de Chine = Hibiscus rosa-sinensis (Malvacée)
– Rose de Gueldre = Viburnum opulus (Adoxacée)
– Rose de Jéricho = Anastatica hierochuntica (Cruciféracée)
– Rose de Junon = Lilium candidum (Liliacée)
– Rose de Noël = Helleborus niger (Renonculacée)
– Rose des Alpes = Rhododendron ferrugineum (Ericacée)
– Rose des eaux = Nymphaea alba (Nymphéacée)
– Rose du Japon = Camélia japonica (Théacée) …